
Obtenir l’équité salariale n’est pas une confrontation, mais la construction d’un dossier stratégique qui rend un refus de l’employeur indéfendable et coûteux.
- Documenter les écarts de responsabilité et les données salariales du marché est la première étape non conflictuelle.
- Connaître les recours (CNESST vs tribunaux civils) et leurs implications permet de choisir la voie la plus adaptée à votre situation.
- Le respect de votre identité et vos droits à l’accommodement sont des obligations légales, pas des faveurs, et leur non-respect affaiblit la position de l’employeur.
Recommandation : Avant toute conversation, réalisez une enquête discrète en utilisant la checklist fournie dans cet article pour évaluer objectivement votre situation et bâtir des arguments solides.
Vous sentez un malaise. Une conversation évasive sur les promotions, une nouvelle recrue à un poste similaire qui semble bénéficier de conditions plus avantageuses, ou simplement cette intuition tenace que votre salaire ne reflète ni vos compétences, ni votre contribution. Pour de nombreuses employées en PME au Canada, le soupçon d’inégalité salariale est une source d’angoisse, paralysée par une peur légitime : comment réclamer son dû sans se mettre en danger, sans être étiquetée comme « problématique » ou, pire, sans risquer son emploi ?
La plupart des conseils génériques se limitent à « parlez-en à votre patron » ou « documentez tout ». Si ces actions sont nécessaires, elles sont dramatiquement insuffisantes. Elles ignorent la dynamique de pouvoir inhérente au milieu de travail et le risque de représailles subtiles. La véritable protection ne réside pas dans la confrontation, mais dans la préparation. Il s’agit de changer de paradigme : vous n’êtes pas en train de vous plaindre, vous êtes en train de construire un dossier pré-litigieux si solide, si factuel et si ancré dans le droit du travail canadien que la seule option logique pour votre employeur sera de corriger la situation.
Cet article n’est pas un appel à la guerre, mais un manuel de stratégie. En tant qu’avocat spécialisé en droit du travail, je vais vous guider, étape par étape, pour transformer votre sentiment d’injustice en un argumentaire imparable. Nous verrons comment chaque interaction, d’une question illégale en entrevue à une demande d’accommodement, devient un levier. L’objectif est la dissuasion préventive : rendre un refus de l’employeur si risqué et potentiellement coûteux qu’une résolution juste et discrète devient la seule voie possible. Vous apprendrez à agir avec la prudence d’un stratège et la fermeté que confère la connaissance de ses droits.
Cet article vous fournira les outils juridiques et pratiques pour naviguer ces eaux complexes. Le sommaire ci-dessous détaille les leviers stratégiques que nous allons explorer pour vous permettre de prendre le contrôle de la situation.
Sommaire : Les leviers juridiques et stratégiques pour faire valoir vos droits au travail
- Pourquoi certaines questions en entrevue sont illégales selon la Charte des droits et libertés ?
- Comment demander un accommodement raisonnable pour motifs religieux ou familiaux ?
- Plainte aux normes du travail ou action civile : quelle voie choisir pour un harcèlement ?
- L’erreur coûteuse des gestionnaires qui ignorent les pronoms et l’identité de genre
- Quand déclencher une vérification d’équité salariale : les signes qui ne trompent pas
- Quand parler salaire : au premier appel ou à l’offre finale ?
- L’erreur d’interpréter le silence ou le contact visuel selon vos propres normes culturelles
- Comment accéder aux 80% d’offres d’emploi qui ne sont jamais publiées sur Indeed ?
Pourquoi certaines questions en entrevue sont illégales selon la Charte des droits et libertés ?
Le processus de construction de votre dossier commence bien avant la suspicion d’inégalité salariale, parfois même dès l’entrevue d’embauche. Au Canada, et particulièrement au Québec avec sa Charte des droits et libertés de la personne, un employeur ne peut pas vous poser de questions relatives à des motifs de discrimination interdits. Ces motifs incluent l’âge, l’origine ethnique, la religion, l’état civil, la situation familiale (si vous avez des enfants ou prévoyez en avoir), ou encore votre état de santé. Une question comme « Prévoyez-vous fonder une famille bientôt ? » est non seulement inappropriée, mais illégale car elle peut servir de base à une décision discriminatoire.
Comprendre cela est un levier stratégique. Si vous avez été confrontée à de telles questions lors de votre embauche et que vous constatez aujourd’hui une disparité salariale, cette question illégale devient une preuve circonstancielle d’une culture d’entreprise potentiellement discriminatoire. Elle affaiblit considérablement la position de l’employeur s’il devait justifier l’écart salarial devant un tribunal. Il ne s’agit pas de refuser de répondre agressivement, mais de savoir dévier avec professionnalisme. Voici des scripts pour réagir :
- Détourner la question : « Ma situation personnelle n’a jamais été un obstacle à mon engagement professionnel. Pouvez-vous me parler des défis concrets du poste ? »
- Retourner pour clarifier : « C’est une question intéressante. Pour que je comprenne bien, en quoi cette information est-elle pertinente pour évaluer ma capacité à remplir les fonctions du poste ? »
- Rediriger vers les compétences : « Je préférerais que nous nous concentrions sur mon expérience et sur la manière dont mes compétences peuvent bénéficier à l’entreprise. »
La documentation de ces questions est une pièce maîtresse de votre dossier. Notez la question exacte, la date, l’heure et le nom de la personne qui l’a posée. C’est un élément factuel qui peut démontrer une intention discriminatoire latente.
Jurisprudence : Le cas du CISSS des Laurentides
En 2017, une décision du Tribunal des droits de la personne a statué que le questionnaire médical pré-embauche du CISSS des Laurentides était discriminatoire et violait la Charte québécoise. Cette affaire, concernant un poste de psychologue, a créé un précédent important en réaffirmant que les questions sur l’état de santé ne sont justifiables qu’après une offre d’emploi conditionnelle et seulement si elles sont directement liées aux aptitudes requises pour le poste. Pour une PME, poser de telles questions sans discernement n’est pas seulement une mauvaise pratique, c’est s’exposer à des poursuites juridiques concrètes et coûteuses.
Comment demander un accommodement raisonnable pour motifs religieux ou familiaux ?
La défense de vos droits ne se limite pas à la question salariale. Démontrer que vous connaissez et exercez vos droits dans d’autres sphères renforce votre position globale. L’un des concepts les plus importants, mais souvent mal compris, est celui de l’obligation d’accommodement raisonnable. C’est une obligation légale pour un employeur d’adapter les règles ou les conditions de travail pour un employé, à moins que cela ne cause une « contrainte excessive » à l’entreprise.
Cette obligation est fermement ancrée dans le droit canadien. En effet, depuis 1999, l’arrêt Meiorin de la Cour suprême du Canada a redéfini les obligations d’accommodement raisonnable, plaçant le fardeau sur l’employeur de prouver qu’une norme de travail est absolument nécessaire et qu’il est impossible d’accommoder un employé sans subir de contrainte excessive. Cela s’applique à de nombreux motifs, dont la religion (besoin d’un espace pour la prière, aménagement d’horaire pour des fêtes religieuses) ou la situation familiale (besoin de flexibilité pour un rendez-vous médical d’un enfant).
Une demande d’accommodement bien menée est une démonstration de professionnalisme. Voici une approche stratégique :
- Présentez le besoin factuellement : Expliquez clairement la limitation, sans dramatiser. « En raison de mes obligations religieuses, j’ai besoin d’un espace calme pour prier 15 minutes à 14h. »
- Soyez proactive : Proposez vous-même des solutions qui minimisent l’impact. « Je peux prendre ce temps sur mon heure de lunch, ou arriver 15 minutes plus tôt pour compenser. »
- Participez activement : Montrez votre flexibilité et votre volonté de trouver un terrain d’entente. L’obligation de chercher une solution est partagée.
- Documentez tout par écrit : Faites votre demande par courriel et conservez les réponses. Un refus non justifié de l’employeur de discuter ou de chercher une solution est une faute qui pèsera lourd dans votre dossier.

Un employeur qui gère mal une demande d’accommodement raisonnable démontre une méconnaissance de ses obligations légales. Si cette même entreprise justifie plus tard une disparité salariale par des arguments vagues, son manque de rigueur sur le plan juridique devient un argument en votre faveur.
Plainte aux normes du travail ou action civile : quelle voie choisir pour un harcèlement ?
Le congédiement déguisé survient quand une situation de harcèlement devient si intolérable qu’elle équivaut à un congédiement.
– Me Sophie Martin, Colloque en santé et sécurité du travail SCFP 2024
Lorsque la situation s’envenime et que la disparité salariale s’accompagne de harcèlement psychologique ou de discrimination, la simple négociation ne suffit plus. Vous devez alors envisager des recours plus formels. Au Canada, et notamment au Québec, deux voies principales s’offrent à vous : la plainte à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ou l’action devant les tribunaux civils. Le choix entre ces deux options est hautement stratégique et dépend de vos objectifs, de vos moyens et de votre tolérance au risque.
La plainte à la CNESST est souvent la première étape. Elle est gratuite, confidentielle au début, et le processus inclut une médiation obligatoire. L’objectif de la CNESST est souvent de trouver une solution rapide, comme la réintégration au poste et le paiement du salaire perdu. C’est une voie efficace pour des cas clairs et pour les personnes qui souhaitent une résolution rapide et peu coûteuse. Le délai pour porter plainte pour harcèlement psychologique est de 2 ans suivant la dernière manifestation.
L’action civile, en revanche, est un processus plus long, plus coûteux et public. Elle nécessite l’embauche d’un avocat. Cependant, elle permet de réclamer des dommages-intérêts beaucoup plus élevés, incluant des dommages moraux et punitifs, qui ne sont généralement pas accordés par la CNESST. C’est la voie à privilégier si le préjudice subi est important et que vous disposez de preuves solides pour démontrer une faute lourde de l’employeur. Le tableau suivant résume ce calcul de risque.
| Critère | CNESST/Commission des normes | Action civile |
|---|---|---|
| Coûts | Gratuit | 5 000 $ à 50 000 $+ |
| Délais moyens | 6-12 mois | 2-4 ans |
| Anonymat | Possible initialement | Non (dossier public) |
| Type de réparation | Réintégration + salaire perdu | Dommages-intérêts élevés |
| Publicité | Limitée | Publique (jugements publiés) |
| Médiation offerte | Oui, gratuite | Oui, payante |
L’erreur coûteuse des gestionnaires qui ignorent les pronoms et l’identité de genre
Dans le paysage social et juridique actuel du Canada, le respect de l’identité de genre d’une personne, y compris l’utilisation de ses pronoms corrects (il, elle, iel, etc.), n’est plus une question de courtoisie, mais une obligation légale. Ignorer ou mégenrer délibérément un employé peut être considéré comme une forme de harcèlement et de discrimination fondée sur l’identité ou l’expression de genre, un motif protégé par la Charte canadienne des droits et libertés et les lois provinciales.
Pour l’employée qui construit son dossier, la gestion de cette question par l’entreprise est un indicateur clé. Un gestionnaire qui fait des efforts sincères pour s’adapter, même s’il commet des erreurs occasionnelles, démontre une bonne foi. En revanche, un gestionnaire qui ignore volontairement, se moque ou refuse d’utiliser les bons pronoms commet une faute grave. Cette faute, si elle est documentée (dates, propos exacts, témoins éventuels), devient un élément de preuve puissant de l’environnement de travail toxique et discriminatoire.
L’argument financier est un levier de dissuasion majeur pour une PME. Le non-respect des obligations en matière de harcèlement et de discrimination peut entraîner des conséquences bien au-delà d’une mauvaise ambiance de travail. Au Québec, les amendes pour discrimination et non-conformité peuvent atteindre 45 000 $. À cela s’ajoutent les coûts indirects : la perte de productivité, l’augmentation du taux de roulement et les frais juridiques en cas de poursuite.
D’ailleurs, l’impact sur la rétention des talents est direct. Une étude de TELUS Santé révèle que près de 30% des travailleurs canadiens envisageraient de quitter leur emploi pour un meilleur soutien en matière de santé mentale, ce qui inclut un environnement de travail respectueux et inclusif. Pour une PME, ignorer ces aspects n’est pas seulement une erreur éthique, c’est une très mauvaise décision d’affaires qui impacte directement sa capacité à retenir ses employés et ses coûts de recrutement.
Quand déclencher une vérification d’équité salariale : les signes qui ne trompent pas
L’équité salariale est un droit. Au Québec, par exemple, la Loi sur l’équité salariale stipule qu’un employeur doit assurer un salaire égal pour un travail de valeur équivalente. Il ne s’agit pas seulement de « travail égal, salaire égal », mais de comparer des postes différents qui ont une valeur similaire pour l’entreprise, souvent des postes à prédominance féminine et masculine. Légalement, l’obligation légale d’équité salariale s’applique aux entreprises de 10 employés ou plus, et elles ont le devoir de réaliser un exercice d’équité salariale et d’en afficher les résultats.
Votre rôle, avant toute confrontation, est de devenir une détective discrète. Vous devez réunir des faits objectifs qui suggèrent une potentielle non-conformité. Il ne s’agit pas d’espionner, mais d’utiliser les informations publiquement ou légitimement accessibles pour bâtir votre argumentaire. Les signes avant-coureurs peuvent être subtils :
- Stagnation malgré l’évolution : Vos responsabilités ont augmenté de manière significative au cours des deux dernières années (gestion de nouveaux projets, supervision informelle de collègues) mais votre salaire et votre titre n’ont pas suivi.
- Transparence sélective : Vous entendez parler de bonus ou d’augmentations pour des départements à prédominance masculine, mais la communication est opaque pour le vôtre.
- Absence d’affichage : Votre employeur n’a jamais affiché les résultats de son exercice d’équité salariale, ce qui est une obligation légale.
- Changements structurels : Une fusion, une acquisition ou une réorganisation majeure sont des moments où les écarts salariaux peuvent se créer ou s’accentuer.
Votre objectif est de transformer ces intuitions en données. C’est ici que la construction de votre dossier devient très concrète. La checklist suivante vous guidera dans cette enquête préliminaire, une étape essentielle avant de décider de la marche à suivre.
Plan d’action : Votre enquête discrète sur l’équité salariale
- Analyser les offres d’emploi : Examinez les offres d’emploi actuelles et passées de votre entreprise pour des postes similaires ou de valeur équivalente afin d’identifier les échelles salariales publiées.
- Documenter vos responsabilités : Listez de manière factuelle l’évolution de vos tâches et responsabilités sur les 24 derniers mois, en quantifiant ce qui peut l’être (ex: gestion d’un budget de X $, supervision de Y personnes).
- Consulter les données de marché : Utilisez des outils comme le Guichet-Emplois du gouvernement du Canada pour trouver les salaires médians pour votre profession, votre région et votre niveau d’expérience.
- Vérifier la conformité légale : Renseignez-vous pour savoir si votre employeur a bien affiché les résultats de son dernier exercice d’équité salariale, comme la loi l’exige. Son absence est un signal d’alarme.
- Identifier les événements déclencheurs : Notez toute réorganisation, fusion ou changement majeur dans l’entreprise qui aurait pu modifier la valeur relative de votre poste sans compensation.
Quand parler salaire : au premier appel ou à l’offre finale ?
La question de l’équité salariale se pose aussi, et surtout, en amont : lors du processus de recrutement. Le moment où vous abordez la question du salaire est un moment de négociation stratégique qui peut définir votre rémunération pour des années. L’erreur commune est de donner ses attentes trop tôt ou de se baser sur son salaire précédent. Au Canada, des provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique ont d’ailleurs interdit aux employeurs de vous demander votre historique salarial, un levier que vous devez connaître et utiliser.
Votre objectif durant les premières étapes est de démontrer votre valeur avant de la chiffrer. Lorsque le recruteur aborde le sujet lors du premier appel, votre meilleure défense est une question polie :
- Premier contact : Si on vous demande vos attentes, retournez la question. « C’est un point important, mais j’aimerais d’abord m’assurer que mes compétences correspondent parfaitement à vos besoins. Pourriez-vous me dire quelle est la fourchette salariale que vous avez budgétée pour ce poste ? »
- Ancrage au marché : Si l’employeur insiste, ancrez votre réponse non pas sur votre salaire passé, mais sur la valeur du marché. « D’après mes recherches pour un poste de ce niveau à Montréal, la norme se situe entre X$ et Y$. » Cela montre que vous avez fait vos devoirs.
- Le moment de puissance : Le meilleur moment pour négocier est lorsque vous avez reçu une offre verbale ou écrite. À ce stade, l’entreprise a investi du temps, a décidé que vous êtes la bonne personne et est psychologiquement prête à faire un effort pour vous avoir.
N’oubliez jamais que la négociation ne se limite pas au salaire de base. Si la marge de manœuvre est faible, explorez d’autres avenues : une semaine de vacances supplémentaire, plus de jours de télétravail, un budget pour la formation professionnelle, une prime à la signature, ou la révision de votre titre de poste.

En adoptant cette posture, vous ne demandez pas une faveur, vous négociez un partenariat d’affaires basé sur une valeur mutuelle. Vous cessez d’être un demandeur d’emploi pour devenir un talent que l’entreprise doit convaincre de rejoindre ses rangs.
L’erreur d’interpréter le silence ou le contact visuel selon vos propres normes culturelles
Dans un environnement de travail canadien, de plus en plus diversifié, surtout dans les métropoles comme Toronto, Montréal ou Vancouver, la communication est un champ de mines potentiel. Une partie de la construction de votre dossier implique de savoir faire la part des choses : qu’est-ce qui relève d’une possible discrimination ou d’un harcèlement, et qu’est-ce qui relève d’un simple malentendu interculturel ? Interpréter les intentions de vos collègues ou de votre gestionnaire à travers votre seul prisme culturel est une erreur qui peut mener à des conflits inutiles ou, à l’inverse, vous faire manquer de vrais signaux d’alerte.
Par exemple, dans de nombreuses cultures nord-américaines, un contact visuel direct est signe d’honnêteté et de confiance. Dans d’autres, il peut être perçu comme impoli ou agressif. De même, un silence après votre prise de parole peut être interprété comme un désaccord ou un manque d’intérêt par un Canadien francophone habitué à des échanges dynamiques, alors qu’il peut signifier une réflexion respectueuse et approfondie pour un collègue d’origine asiatique. La communication directe et factuelle prisée en Ontario peut contraster avec le style plus consensuel et relationnel du Québec.
Agir avec prudence signifie ici ne pas tirer de conclusions hâtives. Si la communication avec un gestionnaire semble difficile, avant de crier au harcèlement, il est stratégique d’utiliser des techniques de clarification. L’objectif est double : s’assurer que le message est bien compris et, si le problème persiste, documenter que vous avez fait des efforts proactifs pour améliorer la communication. Voici des phrases simples mais efficaces :
- « Je veux m’assurer d’être bien claire, est-ce que cela a du sens pour vous ? »
- « Prenez le temps d’y réfléchir, il n’y a pas d’urgence à me donner une réponse immédiate. »
- « Pour ce projet, quelle serait la meilleure façon de collaborer et de communiquer pour vous ? »
- « Y a-t-il quelque chose dans ce que j’ai dit que je pourrais reformuler pour que ce soit plus clair ? »
Si, malgré ces tentatives de clarification, le comportement problématique (interruptions constantes, dénigrement, ignorance) persiste, vous aurez alors une preuve documentée que le problème n’est pas un simple malentendu culturel, mais bien un comportement potentiellement fautif.
À retenir
- Votre meilleure protection est un dossier factuel : documenter les responsabilités, les données de marché et les communications écrites transforme une plainte en un argumentaire d’affaires.
- Le choix du recours (CNESST vs. tribunaux civils) est une décision stratégique qui dépend de vos objectifs : rapidité et gratuité contre potentiel de dommages-intérêts plus élevés.
- Le respect des droits fondamentaux (accommodement, identité de genre, questions légales en entrevue) n’est pas optionnel pour un employeur. Chaque manquement documenté affaiblit sa position.
Comment accéder aux 80% d’offres d’emploi qui ne sont jamais publiées sur Indeed ?
Parfois, malgré tous vos efforts, la situation dans votre entreprise actuelle est irrécupérable. La meilleure stratégie n’est alors plus de se battre, mais de partir dans les meilleures conditions possibles et de trouver une meilleure opportunité. Cependant, se jeter sur les grandes plateformes d’emploi comme Indeed ou LinkedIn, c’est se retrouver en compétition avec des centaines d’autres candidats pour une minorité des postes disponibles. La grande majorité des opportunités, surtout dans les PME dynamiques, se trouve sur le marché caché de l’emploi.
Accéder à ce marché demande un changement de posture : vous ne cherchez plus un emploi, vous offrez une solution à un problème. Cela passe par une stratégie de réseautage proactive et ciblée, non pas pour « demander un job », mais pour « recueillir de l’information ». C’est la stratégie du « café virtuel informatif ». Vous identifiez des personnes qui occupent des postes intéressants dans des entreprises qui vous plaisent et vous leur demandez 15 minutes de leur temps pour comprendre leur réalité, pas pour leur soumettre votre CV.
Voici un plan d’action pour pénétrer ce marché invisible et prendre le contrôle de votre carrière :
- Ciblez les signaux de croissance : Surveillez les annonces de financement de start-ups sur des sites comme BetaKit, les lauréats de concours d’entrepreneuriat ou les entreprises qui reçoivent des subventions gouvernementales. Une entreprise qui reçoit de l’argent est une entreprise qui va embaucher.
- Utilisez LinkedIn intelligemment : Transformez votre profil d’un CV en une offre de service. Votre titre ne devrait pas être « Spécialiste Marketing », mais « J’aide les PME tech à augmenter leur génération de leads ». Contactez des employés ou gestionnaires avec un message personnalisé et non sollicitant.
- Participez aux écosystèmes : Impliquez-vous dans des événements de l’industrie, que ce soit en personne dans des hubs comme MaRS à Toronto ou l’écosystème de l’IA à Montréal, ou virtuellement dans des webinaires et des groupes de discussion.
- Contactez directement : Une fois que vous avez identifié un problème qu’une entreprise pourrait avoir, n’hésitez pas à contacter directement un fondateur ou un vice-président avec une proposition de valeur ultra-concise en 3 lignes.
Cette approche vous positionne comme une experte proactive plutôt qu’une candidate passive. Vous contournez les processus de RH traditionnels et vous créez votre propre opportunité, souvent avec de bien meilleures conditions salariales, car vous avez démontré votre valeur avant même de parler de poste.
En fin de compte, que vous choisissiez de vous battre pour l’équité dans votre poste actuel ou de chercher une prairie plus verte, le pouvoir est entre vos mains. Il réside dans votre capacité à vous préparer, à vous informer et à agir de manière stratégique. Pour mettre ces conseils en pratique et obtenir une évaluation personnalisée de votre situation, l’étape suivante consiste à consulter un professionnel du droit du travail qui pourra vous guider dans votre démarche spécifique.